L’Afrique de l’Ouest connait depuis 2020 une recrudescence de coup d’Etat militaires. En moins de 2 ans, c’est presque trois chefs d’Etat élus, qui ont été chassés du pouvoir par des hommes de tenue. Cette situation n’est pas sans conséquence sur le marché des assurances avec l’augmentation des risques à couvrir. Elle installe également un sentiment de panique chez les compagnies qui ne rechignent pas à tourner le dos à ces pays en eaux troubles pour voir d’autres destinations plus propices au développement du business.
La partie ouest africaine s’est plongée depuis 2020 dans une spirale de coups d’Etat militaires. En moins de deux ans, l’on a dénombré trois putsch réussis dans trois pays de l’Afrique de l’Ouest. D’abord, c’est au Mali, le 18 août 2020 qu’est intervenu le renversement du Chef de l’Etat, Ibrahim Boubakar Keita, par un groupe de Colonels dirigé par Assimi Goita. Dans le même mois, les militaires annoncent la création du Comité national pour le salut peuple. Malgré la forte pression exercée sur le Mali, les militaires légalisent leurs postes respectifs et continuent de rester à la tête des instances du pouvoir. En 2021, les militaires perpètrent un nouveau coup de force en balayant le président de la transition Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane.
Dans la même année, précisément le 5 septembre 2021, la Guinée, un autre pays de l’Afrique de l’Ouest, entre dans la danse. Les militaires, sous la conduite de Mamadou Doumbouya, s’empare du palais présidentiel et arrêtent le président Alpha Condé. La constitution suspendue, le gouvernement et les institutions dissouts et les frontières fermées. Les militaires instituent un Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Des sanctions internationales tombent sur les nouveaux hommes du pouvoir en Guinée.
En janvier 2022, c’est autour du Burkina Faso de prendre le relais avec la prise en force du pouvoir par un groupe de militaires dirigés par le lieutenant-colonel Paul-Henry Sandaogo Damiba. Le président de la République, Roch Marc Christian Kaboré, cède le pouvoir aux militaires. La malédiction des coup d’Etat se poursuit dans la zone ouest africaine. Le 2 février 2022, le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a réchappé à une tentative de coup d’État qui aurait fait plusieurs morts.
Cette vague de coups d’Etat qui se déroule dans ces pays susmentionnés n’est pas sans conséquences sur les activités économiques et financières dans l’espace de la CEDEAO. En effet, il suffit d’observer quelques indicateurs pour se rendre compte de la gravité de la situation et de mesurer les effets néfastes sur le business. La fermeture des frontières a sensiblement affecté une bonne partie des activités commerciales. Parmi les activités touchées par ces instabilités politiques et miliaires figurerait en bonne place le secteur des assurances. Le marché ouest africain des assurance reste marqué par une forte présence de grands groupes d’assurances mondial et africain. L’une des première conséquence est sans nul doute l’augmentation des risques à couvrir par ces compagnies d’assurances ; cela du fait des nombreuses manifestations violentes dans les capitale du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso et de la Guinée Bissau.
Les marches de protestations des populations dans les rues sont souvent accompagnées de casses de véhicules, de maisons, de boutiques, de marchés et autres bien appartenant à autrui. Les nombreux dégâts matériels collatéraux liés aux casses et aux violences ne font qu’augmenter les risques à couvrir par les polices d’assurances et entrainent par conséquence une augmentation des primes versées par les assureurs. Une situation qui peut affecter durement leur chiffre d’affaires, voire leur bilan financier annuel. L’autre impact engendré par ces coups d’Etat, c’est la propension pour les compagnies d’assurance à baisser leurs activités dans le pays pour ne pas subir des actes de vandalismes des manifestants. Ces nombreux coups d’Etat risquent également de pousser certaines compagnies, très frileuses, à quitter le pays pour aller voir d’autres destinations plus attractives et offrant un environnement des affaires beaucoup plus propice au business. Ceci porterait un sacré coup à l’activité économique. Aujourd’hui, l’on ne peut pas nier le rôle fondamentale que jouent les assurances dans les économies ouest africaine tant dans la contribution au Produit intérieur brut que dans la création d’emplois.
Vue d’ensemble du marché de l’assurance du Mali, de la Guinée et du Burkina
Si l’on se fie au rapport 2019 du marché de l’assurance publié par la direction du Trésor et de la comptabilité du Mali, le secteur des assurances a connu une amélioration. En effet, son chiffre d’affaires est passé de 48,2243 milliards de FCFA en 2018 à 52,312 milliards en 2019. Au terme de cette année, le PIB nominal s’est établi à 10238 milliards, ce qui donne un taux de pénétration de 0,51%, en légère augmentation par rapport à l’année précédente (0,50%). En En 2019, huit (08) sociétés non vie et 4 compagnies d’assurance vie ont exercé sur le marché malien de l’assurance, d’après la direction du Trésor du Mali. Quant au Burkina Faso, le marché des assurances a enregistré un chiffre d’affaires de 108 milliards en 2020 contre 94 milliards en 2019 soit une progression de près de 15%. S’agissant du nombre d’acteur opérant, l’on dénombre 7 sociétés d’assurance vie, 8 sociétés d’assurances Non-Vie, une société de réassurance. Enfin, en Guinée, d’après la Direction de la Supervision des Assurances (DSA), une structure logée à la Banque centrale guinéenne, le marché guinéen de l’assurance a clôturé l’année 2018 avec un chiffre d’affaires global de 411,46 milliards de francs guinéens contre 356,18 milliards en 2017, soit une hausse de 15,52% contre 11, 81% en 2017. Il faut, toutefois, noter que les fermetures des frontières et les sanctions imposées par les instances politiques de la CEDEAO risquent également de perturber le marché de l’assurance de l’espace communautaire. Avec ces coups d’Etat, des menaces pèsent aussi sur certaines initiatives comme la Carte brune d’Assurance de la CEDEAO. L’objectif principal de cette carte brune est de garantir aux victimes des accidents de la circulation, une prompte et équitable indemnisation des dommages qui leur sont causés par les automobilistes non-résidents en visite sur leur territoire, en provenance d’autres Etats Membres de la CEDEAO. Le Système de la Carte Brune fonctionne par le biais d’un réseau de 14 (quatorze) Bureaux Nationaux répartis dans chacun des quatorze Etats – Membres.
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