Le marché de l’assurance agricole en Afrique est essentiel pour assurer la sécurité alimentaire

Le marché de l’assurance agricole en Afrique est essentiel pour assurer la sécurité alimentaire

Les marchés africains de l’assurance agricole se sont développés ces dernières années, mais avec une part de seulement 1,6 % du total des primes d’assurance non-vie en Afrique, il existe un important potentiel inexploité, selon la toute nouvelle édition du Pouls de l’Assurance en Afrique sur la sécurité alimentaire et l’assurance agricole, présentée aujourd’hui lors de la 49e Conférence et Assemblée générale de l’Organisation africaine des assurances (OAA) à Alger, en Algérie.

Jean Baptiste Ntukamazina, secrétaire général de l’OAA, a déclaré: “L’assurance agricole est essentielle afin de promouvoir la sécurité alimentaire en Afrique. Elle fait office de filet de sécurité pour les agriculteurs et autres producteurs agroalimentaires, en transférant le fardeau financier des mauvaises récoltes et autres avaries. De plus, elle stabilise la production alimentaire tout en assurant la résilience face à des difficultés imprévues. Par ailleurs, l’assurance permet de créer des incitations pour des pratiques durables comme l’agriculture de conservation, la diversité des cultures, améliorant ainsi la sécurité alimentaire à long terme. L’assurance offre également une protection contre les pertes et simplifie l’investissement dans des infrastructures et technologies nouvelles, améliorant in fine la productivité agricole et la disponibilité des denrées alimentaires. Par conséquent, l’assurance est un outil essentiel dans la construction d’un système alimentaire plus sûr et plus résilient sur le continent africain.”

Le marché mondial de l’assurance agricole est en pleine croissance, y compris en Afrique

Le marché mondial de l’assurance agricole s’est considérablement développé en raison du besoin croissant d’outils de gestion des risques dans l’agriculture. Selon Swiss Re, le marché mondial de l’assurance agricole était évalué à 46 milliards de dollars américains en 2020 et devrait atteindre 80 milliards de dollars américains d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel composé de 5,7 %. Les plus grands marchés pour les primes d’assurance agricole sont aujourd’hui les États-Unis et la Chine, avec des volumes de primes annuelles de 15 milliards de dollars américains et 12 milliards de dollars américains respectivement, qui représentent ensemble plus de 50 % du marché mondial.

Malgré l’importance économique du secteur agricole pour de nombreux pays africains, le marché de l’assurance agricole en Afrique est sous-développé, avec une faible pénétration et une gamme limitée de produits. Toutefois, le marché s’est développé ces dernières années, sous l’effet de la demande accrue des agriculteurs pour des solutions de gestion des risques et du développement de nouvelles technologies et de nouveaux modèles d’assurance. En 2020, les primes d’assurance agricole en Afrique étaient estimées à 320 millions de dollars américains, soit 1,6 % du total des primes d’assurance non-vie en Afrique, qui s’élève à 19 730 millions de dollars américains. Bien que ce chiffre soit légèrement supérieur à la part mondiale de 1,3 %, il existe un important potentiel inexploité.

Les petits exploitants agricoles africains sont en grande partie non assurés et seulement 1 % d’entre eux sont couverts par une assurance

La couverture de l’assurance agricole en Afrique varie fortement selon les pays. Aujourd’hui, la majorité des primes d’assurance agricole sont générées sur quelques marchés africains. Les marchés d’Afrique australe, en particulier, sont plus développés, en partie en raison de la structure différente du secteur agricole, qui comprend de grandes exploitations commerciales. Avec un volume de primes estimé supérieur à 100 millions de dollars américains, l’Afrique du Sud est de loin le plus grand marché de l’assurance agricole sur le continent, suivi du Maroc et du Botswana, générant entre 20 et 40 millions de dollars américains de primes. Les deux seuls autres marchés où les volumes sont supérieurs à 10 millions sont probablement le Nigeria et la Zambie.

Cependant, la plupart des marchés africains sont caractérisés par des agriculteurs de subsistance ou des petits exploitants. Pour eux, l’assurance agricole garantit les moyens de subsistance et compense principalement les risques liés à la variabilité des conditions météorologiques. Cette atténuation des risques améliore l’accès des agriculteurs au crédit et donc aux intrants agricoles tels que les semences, l’engrais ou la main-d’oeuvre, ce qui peut potentiellement augmenter la productivité. Elle donne également aux agriculteurs la sécurité dont ils ont besoin pour investir leurs revenus et conclure des contrats avec des acheteurs et des transformateurs. Par rapport à d’autres marchés émergents, la couverture de l’assurance agricole parmi les petits exploitants agricoles en Afrique est très faible. Seul 1 % des petits exploitants africains étaient assurés en 2016/2017, alors que ce taux est de plus de 15 % en Amérique latine et approche 50 % en Asie.

La ré/assurance africaine a un rôle clé à jouer dans la sécurité alimentaire des économies africaines

Le secteur africain de la ré/assurance a un rôle important à jouer dans la sécurité alimentaire en Afrique et devrait être considéré comme une partie intégrante du système agricole. L’assurance agricole, en particulier, est une option viable pour réduire les risques de production agricole causés par les événements climatiques, les parasites et les fluctuations des prix du marché. Elle est essentielle pour améliorer la sécurité alimentaire en Afrique en fournissant un filet de sécurité aux agriculteurs en cas de mauvaises récoltes ou de catastrophes, en réduisant la vulnérabilité au changement climatique, en augmentant les investissements dans l’agriculture, en améliorant l’accès au crédit et en encourageant l’adoption de nouvelles technologies et de nouvelles pratiques. Ces dernières années, l’assurance agricole a bénéficié d’innovations tant au niveau des produits que des processus.

Pour améliorer encore la sécurité alimentaire en Afrique, les gouvernements africains devraient apporter un soutien financier au développement des marchés de l’assurance agricole dans les économies émergentes. Outre les subventions aux primes, les gouvernements peuvent soutenir le secteur en améliorant l’exactitude des données sur le secteur, en renforçant l’éducation financière ou en fournissant une réassurance en cas de catastrophe. Outre le gouvernement, d’autres institutions, telles que les banques, les fournisseurs d’intrants ou les organisations communautaires, peuvent servir d’agrégateurs ou de facilitateurs de l’assurance agricole en fournissant des services de vulgarisation agricole, y compris la formation, le crédit, la distribution de semences, d’engrais ou d’herbicides, en organisant les exportations de cultures de rente ou en facilitant l’accès au financement.

Un autre facteur important pour promouvoir le développement durable de l’assurance agricole est la nécessité d’un cadre réglementaire qui encourage la croissance et l’innovation dans le secteur. Un tel cadre devrait promouvoir une conception flexible des produits, le renforcement des capacités et la sensibilisation du public, une tarification reflétant les risques, la clarté et la cohérence de la réglementation, et la coopération entre les parties prenantes pour soutenir la croissance et la durabilité du secteur.

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